L'engagement ontologique en question

Voici le résumé de la prochaine séance, qui aura lieu mardi 19 février à 17h30 en salle U/V :

Thibaut Giraud
« Actualiste et meinongien à la fois ? »
Partie I - Recherches sur l’engagement ontologique du point de vue de la sémantique formelle

« Il semble que l’expression ‘actualisme meinongien’ constitue un oxymore : un meinongien affirme qu’il y a des objets qui n'existent pas (et même des objets impossibles !), tandis qu’être actualiste consiste à défendre que tout existe actuellement. Pour comprendre comment ces deux positions peuvent néanmoins se révéler conciliables, il faut noter qu’elles n’élèvent pas des exigences du même type. Lorsque l’actualiste soutient que tout existe actuellement, il faut l’entendre au sens fort comme signifiant qu’il n’est engagé ontologiquement qu’envers des objets existants actuellement. Par contre, ce qui importe au meinongien, c’est avant tout le fait que sa théorie représente de façon adéquate un certain type de discours à propos des objets existants et non-existants. Son exigence relève plutôt du pouvoir expressif de la théorie, indépendamment de ce à quoi cette théorie l’engage ontologiquement. Un actualisme meinongien serait donc envisageable : ce serait une théorie ayant le pouvoir expressif d’une théorie meinongienne et qui pourtant n’engagerait ontologiquement qu’envers des objets existant actuellement.
Pour montrer qu’une telle théorie est envisageable, il est crucial d’étudier de près la question de l’engagement ontologique, en particulier celui des langages formels. Cette première séance sera consacrée à présenter et défendre un critère d’engagement ontologique qui s’oppose au critère de la quantification proposé par Quine et généralement retenu depuis : je soutiendrai que l’engagement ontologique d’une théorie doit plutôt avoir trait à la
vérifaction de cette théorie (c’est-à-dire à ce qui rend vraie ses propositions). Appliqué à un langage formel, ce critère implique de s’intéresser à l'interprétation sémantique de ce langage et en particulier à ce que j’appellerai les domaines de base de la sémantique.
On étudiera l’engagement ontologique de la logique du premier ordre et de différentes interprétations de la logique du second ordre (c’est-à-dire des logique permettant de quantifier sur des variables de prédicats aussi bien que sur des variables individuelles). On verra notamment que, contrairement à une idée répandue, on peut parfaitement formuler une logique du second ordre qui n’engage ontologiquement qu’envers des individus. On étudiera également l'engagement ontologique de différentes interprétations de la logique modale quantifiée, et l’on verra que la plupart des stratégies actualistes pour la modalité semblent faire fond sur une compréhension vérifactionnelle de l'engagement ontologique.
Une seconde séance plus tard dans l'année sera consacrée à l’exposition d’une théorie meinongienne actualiste. »

Les enregistrements de la dernière séance sont disponibles en téléchargement dans la section Séances, et en streaming ci-dessous.

Raphaël Millière, De mon existence (4/4)
« La nécessité de mon existence »

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