Cycle de rentrée - « De mon existence »

À l’occasion de la reprise de l’Atmoc, j’ai prévu un cycle de quatre séances intitulé « De mon existence », les mardis 22 janvier, 29 janvier, 5 février et 19 février à 17h30 en salle U/V. Voici le résumé général du cycle, suivi du résumé de la première séance.

Raphaël Millière - « De mon existence » (cycle de 4 séances)
« Il est certainement passé de mode, dans le champ de la philosophie contemporaine – et
a fortiori dans celui de la métaphysique analytique – de s’intéresser à mon existence comme à un objet particulier de l’enquête ontologique. Il n’est pourtant pas vain ni stérile de s’interroger à nouveaux frais sur certains grands thèmes autrefois associés à la tradition existentialiste, telle la variation subjective de la question leibnizienne – pourquoi suis-je plutôt que ne suis-je pas ? – et son corolaire contrefactuel – aurais-je pu ne pas exister ? Je souhaiterais lever, le temps de quatre exposés, l’interdit ‘quinien’ qui pèse encore sur ce genre de questionnement afférent à la contingence ou à la nécessité de mon existence, tout en recourant à la logique formelle pour contrôler la validité de certains raisonnements courants, ainsi qu’à la psychologie cognitive sur le versant empirique de la réflexion – notamment à propos de la question de savoir si je puis ou non concevoir ma propre inexistence. Ce faisant, je serai amené à aborder par un biais transversal des questions classiques de philosophie de l’esprit (sur le fameux hard problem de la conscience), de métaphysique (sur la nature de la nécessité et la causation), d’épistémologie (sur la connaissance modale) et de sémantique (sur les termes indexicaux). Par surcroît, ce cycle sera l’occasion de relire à la lumière des enjeux contemporains certains textes classiques – autour du cogito cartésien et des théories auto-représentationalistes de la conscience – et de faire dialoguer plusieurs traditions et disciplines parfois jugées incommensurables – la philosophie analytique, l’existentialisme, la phénoménologie, les sciences cognitives et de façon plus marginale la biologie. »

I. Splendeur et misère du nihilisme subjectif - 22 janvier
« Avant de me demander pourquoi j’existe plutôt que pas, ou si j’aurais pu ne pas exister, il semble que je doive poser la question la plus ridicule de l’histoire de la philosophie :
est-ce que j’existe ? Certes, le nihilisme subjectif, c’est-à-dire la thèse selon laquelle je n’existe pas, semble vouée à n’être, avec le solipsisme, qu’un drôle de cadavre dans le placard de la spéculation. Pourtant, à mille lieues du ‘sens commun’ jadis porté aux nues dans la jeune tradition analytique par G. E. Moore, certains philosophes ont sérieusement défendu diverses versions de cette thèse sulfureuse. Il convient donc de rouvrir le dossier qui, de Gorgias à Metzinger en passant par Hume, Lichtenberg, Nietzsche, Wittgenstein, Mach, et Unger, n’a cessé d’alimenter une littérature anticartésienne aujourd’hui corroborée par des travaux neuroscientifiques. Nous soutiendrons néanmoins, au terme de ce parcours étonnant, que la thèse du nihilisme subjectif est peut-être inoffensive à l’égard du problème métaphysique qui nous intéresse. »

Lectures suggérées
T. Metzinger [2011]. « The No-Self Alternative », in S. Gallagher (éd.),
Oxford Handbook of the Self, Oxford, Oxford University Press, pp. 279-296.

P. Unger [1979]. « I Do Not Exist », in G. F. MacDonald (éd.),
Perception and Identity, London, Macmillan Press, reproduit in P. Unger, Philosophical Papers. Volume II, Oxford University Press, 2006.

[N’hésitez pas à
me contacter pour obtenir ces textes]

Le bonus de la semaine
La séance inaugurale de la saison 2013 s’achèvera sur la lecture d’un savoureux poème satirique de Voltaire dans lequel les métaphysiciens et les théologiens en prennent pour leur grade…

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